Monde

Flottille de Gaza : les passagers dénoncent un « acte de piraterie »

Rédigé par Pauline Compan | Jeudi 21 Juillet 2011 à 17:18

Un kidnapping. C'est le terme utilisé par les volontaires présents sur le Dignité-Al-Karama pour décrire leur arrestation, dans les eaux internationales, par la marine israélienne. Détenus pendant 24 heures par les autorités israéliennes, les derniers rescapés de la flottille internationale pour Gaza, sont rentrés dans leurs pays respectifs mercredi soir.



Jo Leguen (marin), Oumayya Naoufel (militant tunisien), Claude Léostic, Thomas Sommer-Haudeville, Yamin Makri (militant).
Ils étaient neuf parmi les seize personnes embarquées à bord du Dignité-Al-Karama, ce jeudi 21 juillet dans les locaux du MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples) à Paris. Neuf témoins, venus raconter l'arraisonnement du bateau par la marine israélienne, leur arrestation, leurs conditions de détention et d'expulsion ainsi que les pressions exercées par le gouvernement israélien pour ne pas voir cette opération humanitaire atteindre son but : la bande de Gaza.

Une réaction violente

Mardi 19 juillet à 10h30, dans les eaux internationales, le Dignité-Al-Karama est à environ 30 ou 40 miles nautiques de Gaza. Il se retrouve alors pris en chasse et rapidement entouré d'une dizaine de bateaux militaires israéliens. Certains de ces navires mesurant plus d'une centaine de mètres, la réaction israélienne paraît « totalement disproportionnée par rapport à notre bateau de plaisance de moins de 20 mètres », explique Claude Léostic, de l'AFPS (Association France-Palestine Solidarité).

Les négociations avec le Colonel Daniel commencent. Ce dernier tente de justifier l'intervention en accusant les passagers de la flottille de « séquestrer » le capitaine du Dignité, Yannick Voisin. Une accusation, bien entendu fausse mais qui servira de prétexte aux forces israéliennes. A 12h30, le petit navire est cerné, les passagers attaqués au canon à eaux pendant une dizaine de minutes et enlevés dans les navires israéliens, direction le port d'Ashdod, au sud d'Israel.

Les journalistes d'Al-Jazeera et la journaliste israélienne, Amira Haar, sont vite relâchés, non sans voir leur matériel confisqué. Pour les autres passagers de la flottille, ce sera des heures d’interrogatoires, toujours en présence de cinq à sept agents des services secrets israéliens, le Mossad. « Ils voulaient connaître le nom des personnes avec lesquelles nous entretenons des relations à Gaza, raconte Jacqueline, membre du Parti Communiste ils nous soupçonnaient d'être en relation avec le Hamas. »

Des pressions

« Les autorités israéliennes ont feint de ne pas connaître l'opération de la flottille internationale, continue Jérome Gleize membre d'Europe-Écologie, ils nous ont accusés de vouloir entrer illégalement en Israël. » Les passagers refusent de signer un procès verbal de leur arrestation, rédigé en Hébreux mais sont contraints de signer un papier où ils demandent à être expulser immédiatement d’Israël. « Dans ce papier on reconnaît être des immigrants illégaux mais on a bien écrit dans les remarques que nous étions là contre notre volonté et que nous avions été kidnappés par l'armée », précise Claude Léostic.

En partant les passagers ne peuvent récupérer toutes leurs affaires. Le matériel médical du bateau a été saccagé et le navire mis sens dessus dessous et beaucoup d'effets personnels des passagers sont restés sur place. Une stratégie pour « mettre la pression » sur ces militants ? C'est en tout cas l'avis général des passagers du Dignité qui dénoncent la « prison idéologique » qui pèse sur Israël et la « paranoïa sécuritaire » dans laquelle s'enferment ce peuple.

L'heure est désormais à l'inventaire. Le collectif d'associations, à l'origine de l'opération, doit maintenant s'occuper du devenir de l'aide humanitaire, toujours bloquée à Athènes. La question du bateau Dignité, resté en Israël se pose également, tout comme les moyens dont les passagers disposent pour récupérer leurs affaires personnelles. La flottille, cette année « aura au moins montré notre détermination », conclut Thomas Sommer-Haudeville, porte-parole de la campagne.